Un crabe solitaire à la quête des ours en Finlande

Récit écrit par Vincent Duijnhouwer

Vendredi 27 mai 2022, 22h30, je me trouve au départ du NUTS Karhunkierros trail (83km). Après deux éditions annulées en 2020 et 2021 à cause du COVID, je suis ravi d’être ici! Le trail se déroule dans le parc naturel de Oulanka dans l’est de la Finlande, près de la frontière Russe. Il y a différentes distances (13, 34, 55, 83 et 166km). Le 83km est la distance ‘classique’ qui suit l'itinéraire de la Karhunkierros (ours) Trail (https://www.nationalparks.fi/karhunkierros).

Le départ est effectué par vague de 50 personnes. Je cours avec mon ami Nikolaas avec qui on a couru le Dolomiti Extreme Trail en 2016. Malheureusement notre autre ami Julien qui était avec nous en 2016 est blessé et ne peut pas participer. Il est malgré tout venu pour nous encourager et nous attendre à l'arrivée.

Sur le 83km, il y a environ 500 participants et on croise aussi les participants de 166km qui sont partis à 8h du matin. Ils font la trace « aller-retour ». Les premiers 15 km se déroulent sur des « single-tracks » présentant beaucoup de racines. C'est aussi très boueux. J'ai un peu de mal à trouver mon rythme car il y a assez beaucoup de participants que je dépasse (ou qui me dépassent). Les mouvements habituels au départ d'une course jusqu'à ce que tout le monde retrouve sa place!

Je suis un peu dans le dur assez rapidement dans la course. Je n’arrive pas à trouver mon rythme et, à cause de la météo, je n’arrive pas à bien gérer ma tenue. Il fait 5°C au depart, je porte ma fine veste de pluie. Après 15 kilomètres, malgré la température assez basse, j'ai trop chaud. Je ferai le reste de la course en t-shirt à manches longues. Cela me semble un peu froid au début mais après quelques kilomètres, cette tenue me convient parfaitement.

Les doutes habituels arrivent bien avant la mi-course : « suis-je bien préparé ? », « pourquoi je fais ça ? ». Genre de questions typiques, qui ont tendance à te faire douter.

Malgré ces petits désagréments, j'apprécie le cadre magnifique. Le parcours longe une rivière sur de longs tronçons. On remonte parfois un peu en altitude, on traverse des forêts, des zones plus tourbeuses où l'on marche sur des caillebottis (comme dans les Hautes-Fagnes).

Nous passons également devant des endroits où l'on peut passer la nuit dans des cabanes en bois au bord du rivière. Celles-ci sont librement accessibles et dans une de ces cabanes on voit une famille jouer aux cartes devant un feu de camp à une heure et demi du matin!

Quelques mots sur les ravitos : Les Finlandais ont une approche plutôt "basique" en termes de ravitaillement, chose que j'avais déjà expérimenté lors des trails précédents fait en Finlande. Seulement 3 ravitos pour cette course (km29, 60 et 76), il est donc important de bien gérer ton alimentation. Aux ravitos il y a du chocolat, chips, l’eau, bananas et oranges. Le Coca et de la soupe ne sont seulement proposés qu’au premier ravito ce qui a causé une certaine déception lorsque nous sommes arrivés aux 2ème et 3ème ravito.

Après le premier ravito, je me sens plus dans ma « zone de confort ». C’est aussi la partie, de course le plus technique avec beaucoup des passages étroits, des côtes courtes et assez raides. C’est aussi dans cette partie que la pluie s’est invitée. Mais encore une fois, beaucoup de superbes points de vue et de beaux endroits le long de la rivière.

A un moment, on pense qu'on peut finir la course en 13 heures. Cela donne un coup de fouet au mental (ou peut-être que nous l'inventons inconsciemment pour nous donner du courage). Après quelques km, nous nous rendons compte que la barre des 13h n'est plus réaliste car les 7 derniers kilomètres sont très difficiles avec quelques montées plus raides le long d'un chemin rocailleux.

Après 13h45min de course, nous passons la ligne d’arrivée. Julien nous y attend sous la pluie, quel héros. Heureusement, notre hôtel est proche de l'arrivée, nous pouvons donc immédiatement nous rendre au bar de l'hôtel pour une bière bien méritée!